
Le projet israélien de construire une soi-disant “ville humanitaire” pour les Palestiniens dans le sud de la bande de Gaza a été abandonné, selon les médias locaux ce lundi, en raison d’une opposition ferme de l’armée israélienne.
Dévoilé la semaine dernière, le plan prévoyait de déplacer l’ensemble de la population de Gaza vers une nouvelle zone construite sur les ruines de la ville de Rafah. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, avait indiqué que les Palestiniens y seraient rassemblés, avant d’être autorisés à émigrer vers d’autres pays.
Ce projet, jugé comme une tentative de transfert forcé de population, a suscité une vive indignation à l’échelle internationale. L’ONU et plusieurs organisations de défense des droits humains ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une violation grave du droit international.
En Israël, le plan, dont le coût est estimé à 4 milliards de dollars, a également été critiqué par l’opposition, certains responsables le comparant à un projet de “camp de concentration” pour les Palestiniens.
L’armée israélienne s’y est également opposée, estimant qu’il compromettrait les efforts en cours pour parvenir à un cessez-le-feu et à un accord d’échange de prisonniers avec les groupes palestiniens. Selon la chaîne israélienne Channel 12, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rejeté le plan lors d’une réunion tendue du cabinet dimanche soir, le qualifiant d’irréaliste.
“Je veux un plan réaliste”, aurait-il déclaré au chef d’état-major Eyal Zamir, lui demandant de proposer une alternative “moins coûteuse et plus rapide” dès le lendemain. Au cours de cette réunion, Zamir aurait confronté Netanyahou et le ministre des Finances d’extrême droite Bezalel Smotrich, avertissant que ce projet allait à l’encontre des priorités militaires en cours à Gaza.
L’armée a également souligné que la construction d’une telle ville pourrait prendre plusieurs mois, voire une année, et risquait d’être interprétée par le Hamas comme un signe qu’Israël se prépare à suspendre brièvement les combats pour mieux les reprendre ensuite.
Depuis le 7 octobre 2023, l’armée israélienne mène une offensive dévastatrice sur la bande de Gaza, refusant les appels internationaux à un cessez-le-feu. Plus de 58 000 Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués. Les frappes incessantes ont ravagé le territoire, provoquant des pénuries alimentaires et la propagation de maladies.
En novembre dernier, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de Benjamin Netanyahou et de l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza. Israël fait également face à une accusation de génocide devant la Cour internationale de justice.