
A peine l'avion qui emmenait son prédécesseur Rodrigo Duterte vers la Cour pénale internationale à La Haye venait-il de décoller de Manille, que le président philippin Ferdinand Marcos assurait que "la politique n'a rien à voir avec ça".
En arrêtant Duterte et en le livrant à la CPI, qui le réclamait pour crimes contre l'humanité pour sa guerre meurtrière contre la drogue, les Philippines n'ont fait que respecter leurs obligations internationales, a-t-il argué.
Le coup de théâtre de mardi est intervenu à peine un mois après le vote par la chambre basse du Parlement de la destitution de la vice-présidente des Philippines Sara Duterte, fille de l'ex-chef de l'Etat. Un épisode qui constituait déjà un coup dur pour l'avenir politique du clan Duterte, selon les experts.
L'issue de ces élections sera crucial pour l'avenir de Sara Duterte, acusée de détournements de fonds publics et d'un projet d'assassinat du président Marcos, dont la destitution doit être confirmée par le Sénat.
Les clans Marcos et Duterte s'étaient alliés pour les élections de 2022, qui s'étaient soldées par leur victoire écrasante. Mais des craquelures étaient vite apparues dans cette alliance, à commencer par la colère de Sara Duterte après s'être vue refuser le portefeuille de la Défense qu'elle convoitait.
Le président, lui, a passé une grande partie de son temps à dénoncer la répression sanglante de M. Duterte contre la drogue.
"Pris au dépourvu"
L'ancien président philippin, dont la première comparution devant la CPI est prévue vendredi, a été arrêté à sa descente d'avion à Manille alors qu'il revenait d'un voyage à Hong Kong, et alors que des rumeurs sur son transfert à La Haye circulaient déjà avec insistance.
La manoeuvre s'est retournée contre lui. Le gouvernement philippin s'est appuyé sur un mandat d'arrêt d'Interpol -et non de la CPI dont le pays s'est retiré en 2019- pour appréhender Duterte et l'envoyer devant la CPI.
Si Mme Franco estime que certains électeurs se sont fait convaincre par le discours victimaire de M. Duterte, M. Yusingco n'est pas de cet avis.
"Le début de la fin?"
Quels que soient les résultats des élections de mai, le vide laissé par le départ de Rodrigo Duterte pourrait être impossible à combler pour la famille.
S'imaginer que le patriarche de 79 ans, à la santé fragile, puisse mener un combat politique depuis sa cellule à La Haye semble peu réaliste.