Entretien exclusif avec Abdallah Zekri

David Bizet
18:006/05/2025, منگل
MAJ: 7/05/2025, بدھ
Yeni Şafak

Dans un entretien exclusif accordé à Nouvelle Aube, Abdallah Zekri, vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), dénonce avec virulence l’islamophobie systémique en France. Il accuse les responsables politiques et les médias de stigmatiser les musulmans à des fins électorales et déplore une instrumentalisation constante de l’islam. Zekri critique également l’ingérence de l’État dans les affaires religieuses, qualifiant cette pratique de dérive colonialiste contraire aux principes de laïcité.

Une parole muselée enfin libérée

Longtemps marginalisé dans les médias dominants pour ses prises de position tranchantes, Abdallah Zekri, vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), s’est exprimé en exclusivité pour Nouvelle Aube. Dans cet entretien sans concession, il dénonce l’islamophobie persistante qui gangrène la société française, des médias jusqu’à l’État, en passant par la classe politique.


"On a beau porter la carte d’identité française, pour certains, on reste des bougnoules"
, déclare-t-il, en utilisant délibérément le terme que certains racistes continuent d’employer.

Islamophobie politique, médiatique et institutionnelle

Zekri ne se limite pas à une critique ponctuelle: il évoque une stratégie systémique. Les politiques, selon lui, ont créé un climat de méfiance et de stigmatisation.
"Il y a une attaque permanente contre l’islam et les musulmans",
affirme-t-il, pointant du doigt une complicité tacite entre certains responsables politiques et les relais médiatiques.

Il accuse les médias dominants de ne donner la parole qu’à des figures consensuelles ou instrumentalisées, comme Hassen Chalghoumi:
"Il ne représente que lui. Il habite à Dubaï. On l’active comme un bouton dès qu’il faut parler au nom des musulmans."

Des politiciens "en babouches" et opportunistes

Zekri critique violemment l’attitude électoraliste de certains élus.
"J’ai vu des hommes politiques de droite, qui ne supportent ni l’islam ni les musulmans, venir en babouches dans les mosquées pour séduire l’électorat. Une fois élus, ils disparaissent."

Il dénonce une hypocrisie institutionnelle : l’exploitation des musulmans comme un réservoir de voix, sans considération réelle pour leurs droits ou leur citoyenneté.


Lui-même vice-président du CFCM, Zekri revient avec amertume sur le rôle réduit de cette institution. Il regrette que l'État interfère dans le culte, en désignant directement des représentants sans consulter les acteurs du terrain :


"On désigne des Arabes de service à la place des musulmans eux-mêmes. C’est une logique coloniale."

Il y voit une trahison du principe même de la laïcité:
"La laïcité, c’est la non-ingérence de l’État dans le religieux. Or aujourd’hui, l’État viole ses propres principes."

Un exil silencieux des musulmans


Face à ce climat délétère, de nombreux musulmans choisissent de quitter la France.
"Des familles entières sont parties vers l’Angleterre, l’Allemagne ou dans leur pays d’origine. Mais ça, personne n’en parle"
, déplore Zekri.

Il cite l’exemple d’une mosquée incendiée à la veille du ramadan, un fait resté sous silence. Pour lui, les actes islamophobes sont largement sous-évalués:
"Les chiffres officiels ne tiennent compte que des plaintes. Beaucoup de victimes ne parlent pas, par peur ou par résignation."

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