En Europe, le retour en grâce d'un procédé financier lié à la crise des "subprime"

10:4820/02/2025, Perşembe
AFP
L'Europe veut relancer la titrisation afin de mobiliser des fonds privés pour financer la transition énergétique, le numérique, ou encore la défense.
Crédit Photo : Daniel ROLAND / AFP
L'Europe veut relancer la titrisation afin de mobiliser des fonds privés pour financer la transition énergétique, le numérique, ou encore la défense.

Autrefois critiquée pour son rôle dans la crise financière de 2008, la titrisation pourrait faire son retour en Europe.

La Commission européenne a annoncé en février vouloir réviser la réglementation encadrant cette pratique, dans le but de faciliter le financement privé et d’encourager les investissements stratégiques.

Ce procédé consiste à regrouper des crédits bancaires et à les transformer en actifs financiers vendus à des investisseurs. L’objectif principal est de libérer les bilans des banques, leur permettant ainsi d’accorder de nouveaux prêts. Toutefois, cette déresponsabilisation des banques en cas de défaut de paiement pose problème, comme l’a illustré la crise des subprime aux États-Unis.


Un retour controversé


Certains économistes et experts financiers s’inquiètent d’un allégement des contraintes. Jezabel Couppey-Soubeyran, économiste à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, alerte:


Alléger les règles serait un cadeau au lobby bancaire, sans réel bénéfice économique.

D’autres experts, comme Christian Bito (Essec), estiment que transférer le risque de crédit à des acteurs qui ne peuvent pas le gérer pourrait être une erreur.


Un enjeu stratégique pour l’UE


Pourtant, l’Europe veut relancer la titrisation afin de mobiliser des fonds privés pour financer la transition énergétique, le numérique, ou encore la défense. Un rapport de Mario Draghi, ancien président de la BCE, estime que l’UE a besoin de 800 milliards d’euros par an et que la titrisation pourrait y contribuer.

Les régulateurs financiers, comme Marie-Anne Barbat-Layani (AMF), plaident pour une modernisation des règles, affirmant qu’il faut éviter de
"mener les batailles d’hier".

Un secteur encore sous surveillance


Malgré les craintes, le secteur bancaire défend la titrisation comme un moyen efficace de dynamiser l’économie, tout en promettant de limiter cette pratique aux créances les plus solides.

"Le transfert des prêts n'est pas risqué si ces derniers sont sûrs"
, soutient la Fédération bancaire française (FBF).

Toutefois, les économistes restent prudents. Jezabel Couppey-Soubeyran avertit que la réintroduction massive de cette pratique pourrait favoriser une bulle financière et accroître le risque d’une nouvelle crise.


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