Sortis affamés, ils reviennent morts: Les parents de Gaza pleurent les enfants tués lors de la distribution de l'aide

La rédaction avec
14:1521/07/2025, Pazartesi
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La mère de Yahya Fadi al-Najjar, un nourrisson mort de malnutrition, pleure en tenant son corps lors des funérailles au complexe médical Nasser à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 juillet 2025.
La mère de Yahya Fadi al-Najjar, un nourrisson mort de malnutrition, pleure en tenant son corps lors des funérailles au complexe médical Nasser à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 juillet 2025.

Ce qui devait être une simple sortie pour chercher de la nourriture s’est mué en tragédie pour la famille de Hatem et Iman al-Nouri, à Gaza.

La semaine dernière, leur fils Seraj, âgé de deux ans, s’est rendu avec ses deux frères et sa nièce dans un centre de distribution d’aide humanitaire soutenu par les États-Unis, situé au centre de la bande de Gaza.


Leur objectif était simple: rapporter un peu de nourriture à la maison. Mais alors qu’ils approchaient du site, un avion de chasse israélien a frappé le secteur, visant les enfants et d’autres Palestiniens venus chercher de l’aide. Seraj a été grièvement blessé. Ses frères Omar et Amir, ainsi que sa nièce Sama, tous âgés de moins de dix ans, ont été tués.


“Quels crimes ont-ils commis ? Ils avaient juste faim”
, murmure leur père, Hatem, submergé par l’émotion. Aux côtés de son épouse, il veille Seraj à l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa, rongé par l’angoisse.

“Ils espéraient juste quelque chose de sucré”
, confie Iman. Elle raconte comment les enfants ont quitté leur domicile à Deir al-Balah pour tenter d’obtenir des rations et des suppléments nutritionnels auprès de l’ONG américaine Project HOPE.
“Seraj pleurait pour un bonbon… Cinq minutes plus tard, une bombe les frappait”
, dit-elle.

Une famine orchestrée


La famine gagne du terrain à Gaza, où le blocus israélien prive la population de nourriture, de carburant et d’assistance médicale depuis des mois. D’après le bureau des médias du gouvernement local, plus de 650 000 enfants de moins de cinq ans sont menacés de mort par la faim.


La pénurie de carburant empêche les ambulances de circuler. Après l’attaque, aucun secours n’a pu rejoindre les enfants. Les voisins ont dû transporter leurs corps mutilés sur des charrettes tirées par des ânes jusqu’à l’hôpital.


Le ministère de la Santé de Gaza alerte: les hôpitaux sont contraints de couper le courant dans certains services. Les banques de sang ne sont plus réfrigérées, compromettant les soins pour les patients ayant besoin de transfusions.


“Quand nous avons apporté Omar, il respirait encore”
, se souvient Iman.
“Mais aucune ambulance, aucun médecin, aucun sang n’étaient disponibles.”
Elle pense que son fils aurait pu être sauvé.

“Ils étaient partis chercher à manger. C’est tout. Ils sont revenus en martyrs”
, déplore Hatem.
“Et Seraj, lui, lutte encore pour survivre… tout ça pour un bonbon.”

Appel à l’évacuation


Désespérés, les parents supplient les autorités d’évacuer leur fils à l’étranger pour qu’il reçoive des soins médicaux. Les hôpitaux restants à Gaza sont débordés et manquent cruellement d’équipements.


“Je ne peux pas perdre Seraj aussi”
, dit Iman, bouleversée.
“Omar et Amir sont déjà partis. Mon cœur ne le supporterait pas.”

Des témoins affirment que les enfants étaient assis sur le trottoir, visibles, lorsqu’ils ont été ciblés.
“Ils étaient clairement identifiables comme des enfants”
, déclare Iman.
“Les soldats israéliens ont vu, et ils ont tiré malgré tout.”

Cette attaque s’inscrit dans une série de frappes visant des foules rassemblées près de centres de distribution alimentaire, alors que la famine et les maladies se propagent à grande vitesse.


Selon des sources officielles, depuis le 27 mai, 922 Palestiniens ont été tués alors qu’ils tentaient de recevoir de l’aide humanitaire. Plus de 5 800 autres ont été blessés dans des circonstances similaires.


Malgré les appels pressants à une trêve, l’armée israélienne poursuit son offensive lancée le 7 octobre 2023. Près de 59 000 Palestiniens ont été tués depuis, en majorité des femmes et des enfants. Les bombardements incessants ont ravagé l’enclave, entraînant des pénuries massives et une crise sanitaire d’ampleur.


En novembre, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza. Israël fait également l’objet d’une procédure devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour “crime de génocide”.


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