Friedrich Merz élu chancelier allemand dans la douleur

18:486/05/2025, Salı
AFP
La présidente du Bundestag (chambre basse du parlement), Julia Kloeckner, reçoit le serment du chancelier allemand désigné Friedrich Merz après un second tour de scrutin lors d'une session au Bundestag (chambre basse du parlement) où le parlement doit élire le prochain chancelier de l'Allemagne, à Berlin le 6 mai 2025.
Crédit Photo : Odd ANDERSEN / AFP
La présidente du Bundestag (chambre basse du parlement), Julia Kloeckner, reçoit le serment du chancelier allemand désigné Friedrich Merz après un second tour de scrutin lors d'une session au Bundestag (chambre basse du parlement) où le parlement doit élire le prochain chancelier de l'Allemagne, à Berlin le 6 mai 2025.

Le conservateur Friedrich Merz a été élu chancelier allemand mardi dans un climat politique tendu, au terme d’un second tour de scrutin inédit au Bundestag, révélateur des divisions internes et des obstacles à venir pour le dirigeant de 69 ans.

Dans une scène inédite depuis la fondation de la République fédérale d’Allemagne, Merz, chef du parti démocrate-chrétien (CDU), n’est parvenu à obtenir la majorité nécessaire qu’au second vote, avec 325 voix sur 630 députés, après avoir échoué lors du premier tour, suscitant la stupeur au sein de l’Assemblée.


Une légitimité déjà contestée


Ce revers symbolique fragilise son autorité dès le départ. Il devait pourtant être élu sans encombre, soutenu par une coalition majoritaire formée avec les sociaux-démocrates du chancelier sortant Olaf Scholz. L’échec du premier vote met en lumière des frondeurs au sein de son propre camp et des tensions déjà vives dans sa coalition.

Cette élection chaotique intervient dans un contexte marqué par la crise économique allemande, l’instabilité politique européenne et la pression exercée par les États-Unis de Donald Trump. La montée de l’extrême droite, notamment de l’AfD, qui a obtenu 20 % aux dernières législatives, complique davantage la tâche du nouveau chancelier.


Une politique sous haute tension


Dès sa prise de fonctions, Friedrich Merz devra composer avec une opinion publique méfiante et une base conservatrice divisée, notamment après avoir assoupli les règles budgétaires nationales pour financer un ambitieux plan de réarmement de l’Allemagne.


Estimé à plusieurs centaines de milliards d’euros, ce programme vise à moderniser l’armée face à la menace russe et à répondre au désengagement progressif des États-Unis du théâtre européen. Il comprend également la rénovation des infrastructures publiques vieillissantes.

Une extrême droite revigorée


L’échec du premier vote a offert une fenêtre politique à l’AfD, dont les dirigeants, Alice Weidel et Bernd Baumann, ont immédiatement réclamé de nouvelles élections. L’AfD profite du désarroi institutionnel pour renforcer sa position, alors que plusieurs sondages la placent devant la CDU dans certaines régions.


Leadership européen sous pression


Sur le plan international, Merz souhaite renforcer les liens avec Paris et Varsovie, tout en prônant un soutien ferme à l’Ukraine. Il promet une refondation du leadership allemand en Europe, dans un contexte de bascule stratégique où Berlin cherche à se réinventer.

Mais la légitimité entamée du chancelier pourrait compliquer sa capacité à imposer sa vision, tant à l’étranger que sur le front intérieur, où son projet de durcissement des politiques migratoires est censé enrayer la progression de l’extrême droite.


Un mandat sous haute surveillance


Le gouvernement Merz s’est construit avec l’attribution de ministères clefs aux sociaux-démocrates, notamment les Finances (Lars Klingbeil) et la Défense (Boris Pistorius, reconduit). Cette répartition annonce des tensions potentielles au sein de l'exécutif, sur fond de compromis difficiles.

Pour de nombreux observateurs, cette entrée en fonction « dans la douleur » annonce une période gouvernementale agitée, sans état de grâce, dans une Allemagne qui doit repenser son modèle et sa place sur la scène mondiale.


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