8 Mai 1945: Abdallah Zekri dénonce les massacres coloniaux perpétrés par la France en Algérie

La rédaction
12:279/05/2025, vendredi
Yeni Şafak
Le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, le 1er août 2016 à Paris.
Crédit Photo : Jacques Demarthon / AFP Archive
Le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, le 1er août 2016 à Paris.

Le 8 mai 1945, jour de célébration en Europe pour la fin de la Seconde Guerre mondiale, marque en Algérie un épisode tragique avec les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, où l’armée coloniale française a tué des milliers d’Algériens qui réclamaient pacifiquement l’indépendance. Abdallah Zekri, recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes, dénonce ces massacres comme un crime contre l’humanité perpétré contre des hommes qui avaient pourtant combattu le nazisme aux côtés de la France. Il appelle à une reconnaissance officielle de ces crimes par l’État français et affirme que cet épisode fut le déclencheur de la guerre de libération nationale en Algérie.

"La France a assassiné ceux qui combattaient le nazisme"


Alors que l’Europe célèbre chaque année la victoire contre le nazisme, l’Algérie, elle, se remémore un drame sanglant. Le 8 mai 1945, jour de liesse en Occident, reste marqué d’une pierre noire dans l’histoire algérienne. Ce jour-là, des milliers de civils furent massacrés à Sétif, Guelma et Kherrata par l’armée coloniale française. Un épisode que Abdallah Zekri, recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes et président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie, a tenu à rappeler avec force.


"Le 8 Mai 1945 était pour l’Europe une date heureuse grâce aux milliers de morts musulmans simples indigènes de la République, mais cette date fut pour nous Algériens une date dramatique et ignoble avec les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata où furent assassinés ceux qui, la veille, combattaient pour mettre fin au nazisme"
, a-t-il déclaré avec émotion.

8 mai 1945: un crime colonial encore occulté


Ce jour tragique, qui a vu éclater des manifestations pour l’indépendance de l’Algérie dans plusieurs villes, s’est transformé en bain de sang. Des milliers d’Algériens, hommes, femmes et enfants, ont été tués par les troupes coloniales et les milices de colons. Les exécutions sommaires, les bombardements aériens, les rafles massives et les tortures ont marqué cette répression brutale.


Les historiens s’accordent sur un bilan effroyable. Si les chiffres restent controversés, les autorités algériennes évoquent jusqu’à
45 000 morts
. L’armée française, dans une logique punitive, a utilisé une force écrasante, ciblant les civils pour faire un exemple.

"Ces massacres nous interpellent chaque fois que nous commémorons ce tragique anniversaire"
, a souligné Abdallah Zekri, qui appelle à ne pas reléguer cet épisode aux marges de l’histoire
. "L’histoire de la France doit aussi être écrite avec l’encre rouge des 45 000 martyrs tombés sous les balles de l’armée coloniale qui démontrait, par ce crime contre l’humanité, l’étendue des exactions commises bien avant le déclenchement de la Guerre de libération nationale."

Appel à une reconnaissance officielle


L’événement du 8 mai 1945 n’a pas seulement endeuillé l’Algérie, il a aussi réveillé une conscience nationale. Pour beaucoup d’historiens et de militants de la mémoire, il marque le véritable point de départ du long chemin vers l’indépendance.


Zekri insiste sur la nécessité pour la France d’assumer son passé colonial:
"Au recueillement en hommage à ces Algériens tués pour avoir réclamé l’indépendance de leur pays dans le sillage de la fin de la Seconde Guerre mondiale devra s’ajouter la réclamation d’une reconnaissance officielle de la France de tous les actes qu’elle a commis sur le territoire algérien et dans l’Hexagone à l’encontre d’un peuple qui réclamait son droit à disposer de sa terre."

"Leur mort a ouvert les yeux aux Algériens"


Pour Zekri, les victimes du 8 mai 1945 sont les premiers martyrs de la Révolution algérienne. Leur sacrifice, affirme-t-il, a éveillé les consciences.
"Leur mort a ouvert les yeux aux Algériens qui ont fini par comprendre que la liberté était à ce prix et qu’elle devait être arrachée par les armes, eux qui, la veille, combattaient le nazisme aux côtés de ceux qui allaient devenir leurs bourreaux une fois Hitler vaincu et l’armée allemande boutée hors de France."

Abdallah Zekri s’incline devant la mémoire de ceux qu’il considère comme les déclencheurs de la guerre d’indépendance. Un appel vibrant à ne pas oublier l’Histoire, à regarder en face les pages sombres du colonialisme, et à exiger vérité et justice pour les martyrs de la liberté.


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